Fondée en 1991, IN EXTENSO est un groupe de 250 agences d’expertise comptable comptant 5000 collaborateurs. In Extenso se concentre sur le développement de services à destination des TPE-PME, tant dans les domaines de l’expertise comptable que dans les domaines liés à la gestion et à l’accompagnement du chef d’entreprise.
In Extenso est l’interlocuteur privilégié de plus de 100 000 clients appartenant à tous les secteurs d’activité et a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 405 millions d’euros.
Votre histoire, votre entreprise
Comment votre parcours vous a-t-il amené à occuper votre fonction actuelle dans votre organisation ?
Mon parcours professionnel est fait d’opportunités et de tournants que j’ai pu et su saisir. Rien n’était calculé mais c’est une volonté et une capacité à accepter de nouveaux défis. Ces nouveaux défis apportent des expériences qui sont utiles pour les choix suivants. En d’autres termes, rien n’est prémédité. Il faut être disponible pour de nouveaux challenges.
Avez-vous une image, métaphore ou citation qui illustre le mieux selon vous votre entreprise ?
Nous avons un slogan : être là, rendre clair.
Être là veut dire être présents quand les clients ont besoin de nous.
Être clair rejoint la dimension technique du métier. Il est assez facile d’utiliser la technique comme une protection et jouer les techniciens vis-à-vis des clients en utilisant des mots qu’ils ne comprennent pas forcément, dans le but d’avoir une image “d’expert”. Mais ce n’est pas notre volonté et notre façon de travailler.
Nous sommes dans une logique d’aide à nos clients. Nous souhaitons comprendre la réglementation qui s’applique, la fiscalité, et les décisions. Nous espérons faire grandir cette culture financière auprès d’eux, pour pouvoir être de ceux qui expliquent, qui font comprendre et qui simplifient.
Selon vous, quels seraient les 3 enjeux stratégiques majeurs de votre entreprise et pourquoi ?
Le premier enjeu stratégique est le talent, le deuxième la transformation digitale des métiers et le troisième, le commerce.
Concernant les talents, nous avons un certain nombre d’agences qui en manquent actuellement car nous cherchons à recruter et nous avons du mal.
Par exemple, sur 5000 collaborateurs, nous avons environ 250 postes ouverts. Nous sommes donc limités dans la capacité à accompagner nos clients à se développer par manque de ressources.
Il faut aussi faire évoluer les talents au fur et à mesure des transformations de leurs métiers. Il s’agit d’une difficulté car nous constatons que certaines choses se transforment rapidement mais nos clients vivent ces transformations à des vitesses différentes, suivant leurs secteurs, l’âge du dirigeant etc.… Toute la difficulté est d’adapter en permanence les compétences de nos collaborateurs aux besoins d’évolution de nos clients. Cela passe par des formations, des outils. En réalité, peu de personnes aiment le changement. Toute la difficulté est de faire ce changement pour eux et non pas contre eux.
La transformation digitale des métiers est également un enjeu crucial chez In Extenso.
Beaucoup de métiers vivent une révolution au niveau de leur digitalisation. Un des plus gros changements à venir dans notre secteur d’activité est la facture électronique. Elle va révolutionner les choses. Dès son émission, elle pourra être comptabilisée directement, ce qui signifie un changement dans le travail quotidien pour un grand nombre de nos collaborateurs.
Notre rôle est d’accompagner ce changement, en accompagnement le client de A à Z.
Le commerce représente le dernier enjeu majeur de nos activités. Nous sommes une profession réglementée. Les experts comptables vendant des prestations à des sociétés et le monopole de la tenue comptable tendant à disparaître, le commerce va devenir quelque chose de plus en plus important dans ces métiers. D’ordinaire, une profession réglementée n’inclut pas d’aspect commercial. On fait peu de publicité et on est assez limité sur un certain nombre de techniques commerciales. Ces transformations sont donc un enjeu majeur qu’il faut savoir relever.
Dans le cadre de votre enjeu ORCHESTRATEUR, avez-vous mis en place une pratique dans ce domaine ou avez-vous démarré un chantier de travail à ce sujet ?
Aujourd’hui, nous nous lançons dans un plan stratégique pour 2028.
Du fait de la crise du Covid, beaucoup de gens ont du mal à se projeter. Une crise comme celle-ci pousse à privilégier le court terme. C’est pourquoi j’ai choisi une date assez lointaine, en 2028.
Nous travaillons également sur la raison d’être du groupe In Extenso, dans l’objectif de se fixer un cap et prendre des décisions en adéquation sur le court et le long terme.
En tant que chef d’entreprise, quel(s) conseil(s) aimeriez-vous partager à vos pairs entrepreneurs pour saisir le rebond de 2021 ?
Mon conseil est de recruter de jeunes talents. L’erreur serait de se renfermer sur soi-même.
Accueillir de nouveaux profils est l’occasion d’accélérer certains mouvements.
La digitalisation nous a appris à travailler différemment et à gagner du temps sur certains sujets. Cela va continuer avec le recrutement de nouveaux arrivants sur le marché du travail, qui vont continuer à changer les choses.

Ma conviction est que la fin de cet épisode sanitaire ne ramène pas au point de départ, mais à une nouvelle normalité. Je suis convaincu qu’au moment où l’on sera sorti de cette crise, le travail sera différent de celui d’avant. La relation avec le bureau en tant que lieu physique va changer, comment seront les réunions, le travail d’équipe…
Pour être sûr de bien gérer tout cela, il faudra recruter de nouveaux talents, qui ameneront des idées différentes et novatrices.
Sous la forme d’une analogie, d’un proverbe, d’un personnage, comment représenteriez-vous les PME et ETI de demain ?
Je constate qu’il y a de plus en plus de crises, qui sont plus dures qu’auparavant (crises financières, de santé, macroéconomique…). J’en déduis que ce qui est le plus important aujourd’hui, c’est la résilience et la capacité à réagir en tant de crise.
La phrase qui me vient donc en tête est celle de Nietzsche : “ce qui ne tue pas rend plus fort”. Il faut être dans une logique de travail, où l’on évite que son entreprise soit mortelle. Pour cela, il ne faut pas dépendre d’un seul homme mais d’une équipe.
Egalement, il faut savoir profiter des crises, pour voir quels en sont les bons aspects.
Il faut regarder la crise avec un peu de hauteur, pour pouvoir par la suite modifier toutes les choses qui avaient du mal à évoluer avant cette période d’agitation.
Qu’attendez-vous des nouveaux collaborateurs qui rejoindront votre entreprise ?
La première chose que j’attends d’eux, c’est de l’enthousiasme.
Notre volonté est que le moteur des collaborateurs soit leur passion. Dans un monde de transformations, d’incertitudes et de changements cela est primordial, car les passionnés acceptent mieux la remise en question.
Traditionnellement, nous avions plus tendance à recruter des personnes sur des compétences techniques et aujourd’hui, nous privilégions les compétences relationnelles.
Ces qualités sont encore plus difficiles à acquérir car la technique s’apprend plus facilement que le sens relationnel.
J’aime citer une expression de Deloitte : “il faut tuer SALY (same as last year)”.
Dans notre profession comme dans d’autres, cela rassure toute le monde de faire les mêmes choses que l’année précédente. Le problème en faisant cela, c’est que l’on passe à côté de choses très importantes.
Qu’apporte aujourd’hui votre entreprise pour attirer et fidéliser ces futurs collaborateurs ?
Je pense que nous apportons un projet entrepreneurial. Nous proposons à ces futurs collaborateurs, de pouvoir devenir chef d’entreprise au bout de quelques années. D’abord à l’échelon d’une de nos agences, puis d’une région. En perspective d’évolution, nous proposons de gérer une équipe de 20 personnes par exemple, dans une de nos agences. Cela leur permet d’être responsable d’une TPE.
Il y a également d’autres aspects, mais c’est une originalité de pouvoir prétendre à ce type de responsabilité. Lorsque que l’on est responsable d’une agence, on a un rôle très complet et de nombreux sujets à gérer.
Vos engagements aux côtés de l’Entreprise DU FUTUR
Qu’attendez-vous de l’Entreprise DU FUTUR et de cette dynamique collective de dirigeants de PME et ETI ?
J’attends d’Entreprise DU FUTUR des confrontations d’idées et d’expériences. Je suis persuadé qu’aujourd’hui, il ne faut pas juste regarder ce que font les concurrents mais il faut aller chercher dans des secteurs différents pour voir comment les différents entrepreneurs réagissent à la crise.
Comment se réinventent-ils, à quelles problématiques font-ils face. Il faut voir large et au-delà des entreprises elles-mêmes (hors de leur secteur d’activité, de leur marché…).
– Interview réalisée par Camille DELORME, Lisa FILLIPI et Thomas DEVALQUENAIRE, étudiants de l’EM Lyon Business School.