Interview de dirigeant – Bénédicte PILAT & David SMAIHI

1. VOTRE ENTREPRISE, 
VOTRE HISTOIRE

Je vous propose de vous présenter, de nous parler de votre parcours et de l’histoire de votre entreprise.

Bénédicte PILAT : Je m’appelle Bénédicte Pilat, j’ai 44 ans. J’ai à l’origine une formation dans le domaine du paramédical. Je suis audioprothésiste de métier, mais pour des raisons personnelles, professionnelles et familiales, j’ai finalement intégré Orem-Astre en 2002. L’entreprise a été fondée en 1985, par mon père.

Aujourd’hui, David et moi-même avons racheté la société. C’est donc pour nous un projet de transmission d’entreprise. David n’étant pas de la famille, cette reprise s’est étendue hors du champ familial.

David SMAIHI : Je m’appelle David Smaihi, j’ai 50 ans. Je suis issu d’une formation technique. J’ai travaillé une dizaine d’années dans la gestion de projets dans l’industrie puis je suis rentré chez Orem-Astre en 1999, en tant que commercial. J’y ai rapidement gravi les échelons. Un peu grâce à Bénédicte, puisqu’elle était ma responsable à l’époque. J’ai ensuite occupé le poste de Directeur Général en 2007. Puis, naturellement, puisque Bénédicte et moi-même dirigions la société, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de la racheter. Nous avons donc racheté les parts nécessaires à son acquisition en 2012. Notre entreprise est aujourd’hui axée sur 3 grands métiers que sont la maintenance industrielle, les travaux neufs et le transfert industriel (déménagement). Nous avons 4 sites en Rhône-Alpes : Valence, Saint-Etienne, Lyon et Annecy, ainsi qu’une filiale en Suisse. Nous sommes également en train de développer notre présence en région parisienne. Orem-Astre, c’est aujourd’hui plus de 170 collaborateurs en ETP et 18 millions d’euros de chiffre d’affaires.

L’Entreprise DU FUTUR a pour but de créer de la « confiance » entre les dirigeants. Pour vous, que signifie cette notion au sein de votre entreprise ?

Bénédicte PILAT : Avec nos clients, c’est assez simple. Nous sommes une entreprise de services, même si nous sommes positionnés sur des métiers exécutifs. Nous avons donc une culture du service, et donc, une culture client. Ainsi, la notion de confiance est essentielle puisque nous les accompagnons dans des projets industriels stratégiques. L’objectif est d’optimiser leurs outils de production et leur stratégie industrielle. Nous travaillons sur des projets qui sont souvent clés en main, où il est essentiel que le client puisse se « reposer » sur nous, et nous faire confiance. Nous gérons souvent à leur place certains aspects du projet. Ils nous y délèguent finalement une partie de leurs risques.

Aujourd’hui, la promesse que nous faisons à nos clients, c’est de pouvoir mettre nos compétences au service de la réussite de leurs projets. Il est évident que la confiance est en filigrane derrière cette intention.

Dans un second temps, la confiance se retrouve dans nos relations avec nos équipes. Nous sommes, dans notre ADN, une entreprise familiale. David et moi-même sommes très proches de nos équipes. Nous rappelons souvent que notre premier rôle vis-à-vis de nos salariés, c’est d’être garant de la pérennité de la structure. C’est ce que nous essayons de faire et la confiance y a un rôle majeur. Cette notion nous parle également car nous essayons d’avoir une vision claire et partagée avec eux. Nous restons une PME, donc le management pyramidal est bien évidemment présent dans nos structures. Nous essayons de rester dans cette logique de support et donc de pyramide inversée, pour être au service de nos équipes et être là lorsqu’ils ont besoin de nous. 

David SMAIHI : Je rebondis sur ce que dit Bénédicte à propos de l’aspect familial d’Orem-Astre. Nous sommes une petite structure, nous connaissons donc bien nos équipes. Nous avons très peu de turn-over, notamment chez les cadres. Certains de nos collaborateurs sont dans l’entreprise depuis très longtemps. C’est aussi ça qui a créé un climat de confiance.

Comme le disait Bénédicte, nous gérons des projets pour nos clients qui sont parfois délicats, qui impliquent un certain degré de confiance. Lorsque nous intervenons sur des sites, si le travail est mal fait, l’usine peut être arrêtée et nous empêchons des centaines de salariés de travailler. C’est un exemple qui image simplement les enjeux que nous affrontons. La notion de confiance que nous accordent nos clients est donc très importante !

Quelle vision avez-vous de l’entreprise de demain ? (Des PME et ETI de demain ?)

David SMAIHI : Je pense que le contexte économique actuel va engendrer certains changements. Il va y avoir des relocalisations, les entreprises vont se recentrer sur les marchés français et européens. Nous ressentons ce phénomène dans notre activité, car nous avons déjà un certain nombre de demandes de rapatriement d’usines en France. Et je pense que ça va s’accentuer dans les années à venir.

Aujourd’hui, ce sont les PME et les ETI qui font tourner l’économie. Plus que les grands groupes à mon sens, qui eux-mêmes, sous-traitent aux PME et ETI. Il y a beaucoup de grands groupes qui s’appuient sur des entreprises telles que les nôtres pour travailler. Nous avons une réactivité et une force de frappe que les grandes structures n’ont pas. Si l’on observe le modèle allemand, on y retrouve beaucoup d’entreprises familiales et de PME et ETI. Je suis plutôt optimiste pour « nous », les entreprises de moyenne et petite taille.

Bénédicte PILAT : Il y a forcément un monde d’avant et un monde d’après la crise sanitaire. On assiste à un effondrement d’un ancien système, que l’on l’observe au niveau des institutions étatiques, économiques et de certains référentiels.

Je rejoins David sur le fait que les PME et ETI ont plus de souplesse. Je pense que nous avons, les petites et moyennes structures, un rôle à jouer dans cette phase de transition. Il va falloir se réinventer, repenser notre valeur ajoutée, ce que l’on produit, les services rendus, pour les rendre plus en phase avec le monde de demain. Ce changement viendra effectivement des plus petits puisque la marge de manœuvre est plus importante. Nous avons plus de capacité d’action.

En tant que chefs d’entreprise, quel(s) conseil(s) pourriez-vous transmettre à vos pairs entrepreneurs pour surmonter cette crise sanitaire ?

David SMAIHI : Je vais vous citer quelque chose qui s’est passé chez nous récemment qui vous permettra de comprendre l’état d’esprit d’Orem-Astre. Nous avions pour projet de déménager le siège du groupe et d’acheter un bâtiment. C’était un gros projet pour nous. Le confinement est arrivé et la crise avec.

Beaucoup de gens de notre entourage nous demandaient ce que nous comptions faire à ce propos. Notre décision a été de ne surtout pas arrêter d’avancer. Nous ne voulions pas arrêter la machine et prendre le risque de l’enrayer. Nous avons donc poursuivi notre projet, nous avons fait le déménagement, changé nos collaborateurs de bureaux, pour des bureaux plus grands, plus confortables. Et tout ça, malgré le contexte économique.

Je vous cite cette anecdote pour illustrer mon principal conseil, qui est de vivre au maximum « comme avant ». Mon conseil est de continuer à avancer, de ne pas attendre de voir qui va bouger le premier ! Nous continuons pour notre part à travailler d’arrache-pied, même si l’année 2020 ne sera pas la meilleure, comme pour beaucoup d’entreprises. Mais nous serons présents en 2021-22, quand cela redémarrera.

Bénédicte PILAT : Aujourd’hui, il y a quand même des secteurs qui sont économiquement arrêtés et qui n’ont pas le choix. C’est une stratégie bien différente et il est plus délicat de les conseiller. Le conseil standard qui est applicable à tout le monde, c’est de garder la tête froide. Pour ceux qui ont des équipes, des salariés à leurs côtés, nous avons un devoir qui est d’essayer de communiquer au maximum pour apporter du sens à nos missions, pour rassurer en cette période d’incertitudes.

Cette crise sanitaire est chronophage et plus particulièrement en interne. Depuis le 17 mars, nous passons beaucoup plus de temps à discuter des sujets courants, du quotidien, pour rassurer, tranquilliser et sécuriser nos équipes.

Pour les entreprises des secteurs qui ne sont pas complètement arrêtés, comme nous, la logique est de ne pas rester paralysés par une peur qui est un peu irrationnelle, puisqu’actuellement nous ne maîtrisons pas tout. Il est donc essentiel de rester dans une dynamique de mouvement, la crise actuelle ne vient pas forcément remettre en cause tous nos projets. Nos stratégies sont généralement pensées et réfléchies pour des plans à court, moyen et long terme.

Dans notre cas, nous sommes dans des secteurs d’activité où nous avons une faible visibilité des carnets de commande. Donc le court-termisme, l’agilité et les changements de programme, c’est notre lot quotidien. Mais cette crise sanitaire demande aux dirigeants d’entreprise d’apprendre à piloter dans l’incertitude, de faire face à des scénarios multiples. Nous ne savons pas ce qu’il va se passer. Il faudra alors imaginer plusieurs futurs, et selon celui qui se présentera, il faudra rester réactif !

2. VOS ENGAGEMENTS AUX CôTés DE L’ENTREPRISE DU FUTUR

Qu’attendez-vous de l’Entreprise DU FUTUR en tant que membres adhérents ?

David SMAIHI : Nous sommes déjà adhérents à plusieurs réseaux de chefs d’entreprise, qu’ils soient nationaux ou locaux. Mais chez Entreprise DU FUTUR, c’est le côté innovation qui nous a intéressé, puisque nous avons un métier qui n’évolue pas tant que ça, par rapport à d’autres secteurs d’activité. Nous sommes dans un métier d’industrie, qui peut parfois être qualifié de « vieillissant ». Cependant, il y a quand même pas mal de choses qui s’y passent. On commence à parler d’une « industrie 4.0 ». Il y a des choses qui évoluent.

Ce que j’attends d’Entreprise DU FUTUR, c’est de pouvoir faire des rencontres qualifiées, pour éviter le démarchage commercial à outrance, comme il existe aujourd’hui sur LinkedIn par exemple. J’attends d’Entreprise DU FUTUR de me faire rencontrer des gens qui peuvent avoir les mêmes problématiques et attentes que moi. S’il en découle du business tant mieux, mais on y va d’abord pour apprendre et échanger intelligemment.

Bénédicte PILAT : Notre adhésion à Entreprise DU FUTUR s’inscrit également dans une logique de veille d’innovation et de pratiques.

Pour quelle(s) raison(s) avez-vous opté pour une adhésion « Entreprise », vous permettant d’embarquer 5 dirigeants à vos côtés dans l’aventure Entreprise DU FUTUR ?

David SMAIHI : Orem-Astre, c’est à l’origine une petite entreprise familiale. Nous sommes très proches de nos équipes et nous attendons que nos collaborateurs puissent se positionner sur des missions qui ne sont pas forcément sur leur fiche de poste. Nous souhaitons qu’ils puissent s’émanciper, qu’ils se créent leur propre réseau. Notre objectif est qu’ils s’épanouissent au sein de l’entreprise, au-delà de ce que nous pouvons nous-même leur apporter.

Lorsque nous avons vu la formule « entreprise » qui inclut 5 adhésions, nous avons pensé à deux de nos directeurs d’agence et à un responsable commercial, qui pourront nous remplacer lorsque nous ne serons pas disponibles, et même venir avec nous pour pouvoir rencontrer des dirigeants et cadres dirigeants. L’important est de se sortir la tête du quotidien. Si nous en tant que dirigeant, ce type d’évènement nous fait du bien, il n’y a pas de raison que ça ne profite pas à nos collaborateurs.

Bénédicte PILAT : Nous souhaitons profiter au maximum du réseau qu’Entreprise DU FUTUR peut nous permettre de créer. Nous sommes aujourd’hui 5 adhérents, soit 5 personnalités très différentes, et nous avons forcément des centres d’intérêts qui ne sont pas les mêmes. L’objectif est ici de pouvoir profiter au maximum de tout ce qu’offre le réseau.

Dans le cadre de votre partenariat, prévoyez-vous d’être présents à la prochaine édition du Congrès annuel de l’Entreprise DU FUTUR (prévue pour juin 2021) ?

Oui, bien sûr, nous serons présents.