Je suis le dirigeant de l’entreprise BLANCHET. Jean mon père avait développé fortement sa société et lors d’une discussion en famille, il m’a sollicité pour travailler avec lui et ses équipes. J’envisageais alors de faire des études de droit afin de devenir magistrat, mais comme nous nous étions très complices et après réflexion j’ai accepté. Je me suis formé à la construction métallique, puis à l’école des jeunes dirigeants du bâtiment. Au sein de l’entreprise, nous intervenons dans 5 métiers : la charpente métallique, la métallerie, la menuiserie aluminium, la menuiserie acier et la rénovation de monuments historiques. J’ai souhaité faire mes armes dans plusieurs métiers de l’entreprise, de la fabrication, aux études, en passant par la conduite de travaux, la direction commerciale, puis la direction générale et la présidence de l’entreprise à partir de 2002. C’est une entreprise familiale que mon grand-père avait créée en 1940. Mon père l’a repris en 1973 et largement développée, puisqu’en 20 ans notre effectif est passé de 8 à plus de 100 personnes. Pour ma part, je l’ai intégré en 1991, j’en ai pris la direction en 1999 et je la dirige depuis cette période avec une équipe CODIR de 12 personnes, tous directeurs de leur service. Nous sommes 140 personnes et réalisons régulièrement 27 millions de chiffre d’affaires. Nous intervenons dans toute la France, principalement en Région Auvergne-Rhône Alpes et à Paris. Nous accompagnons nos clients surtout le territoire. Aujourd’hui, la répartition de l’activité se compose d’environ 50% de marché publics et 50% de marchés privés.
Votre histoire, votre entreprise
Avez-vous une image, métaphore ou citation qui illustre le mieux selon vous votre entreprise ?
Le bonheur n’est pas en haut de la montagne, mais dans la façon de la gravir.
Confucius
Une citation de Confucius, me parait appropriée, elle précise que « Le bonheur n’est pas en haut de la montagne, mais dans la façon de la gravir » elle est une incitation au parcours initiatique et un encouragement à gravir tous les échelons de l’ascenseur social tout en s’épanouissant. La seconde qui me vient à l’idée, est de Nadaud et dit que « La main réalise bien quand l’esprit la guide bien. » Pourquoi ? Dans mon parcours plusieurs passions m’animent : l’entreprise et la formation plus généralement. Cette citation souligne que c’est bien l’esprit, le cerveau qui guide la main, c’est rassurant et très encourageant pour les professionnels des activités manuelles et des métiers d’art, car il est indispensable de reconnaitre et mettre en avant durablement cette intelligence. Nos métiers sont à l’origine plutôt manuels, aujourd’hui, nous industrialisons les processus de fabrication et notamment les tâches répétitives, sans enlever les savoirs faire métiers, c’est aussi la marche du temps. D’autres challenges sont en cours, la transformation numérique de l’entreprise dans sa globalité et la prise en compte dans la conception de nos ouvrages des enjeux d’avenir et notamment les éléments liés au développement durable.
Selon vous, quels seraient les enjeux stratégiques majeurs de votre entreprise et pourquoi ?
Le premier enjeu est à mon avis de structurer et d’adapter en permanence le service commercial : nous réalisons autant de marchés publics que de marchés privés à ce jour, il est indispensable d’être agile pour répondre aux évolutions et variations d’activités dans l’un ou l’autre des secteurs. Il est important de structurer pour pérenniser l’apport commercial, notre carburant : les commandes de nos clients. Ensuite, avoir dans l’entreprise une gestion de ressources humaines proactive inscrite dans le cadre de la GPEC : Gestion des Parcours des Emplois et des Compétences. Je crois qu’en ressources humaines l’important est le savoir-être et les compétences. Nous devons échanger avec nos salariés dans l’entreprise, pour les faire participer aux différents challenges, les écouter et comprendre leurs aspirations, c’est aussi comme cela que l’on fait grandir les collaborateurs. Ce qui est important également c’est d’avoir dans nos entreprises une vision stratégique sur l’innovation et les formations que l’on va apporter aux salariés, il faut innover, trouver des solutions.
Il n’y a pas uniquement des formations et solutions académiques, il y a aussi des formations à inventer en interne, avec pour objectifs qu’elles soient pragmatiques et adaptées. Bien sûr nous effectuons des parcours plus académiques, aujourd’hui nous participons à des formations avec mes équipes dans le cadre d’un accélérateur BPI, pour apprendre à passer des caps, d’industrialisation ou d’évolution stratégique. Ensuite, il faut innover dans la commercialisation des nouveaux produits et principes constructifs. L’innovation et l’organisation de la production industrielle sont des sujets d’avenir, avec l’humain au centre de la démarche.
Dans le cadre de votre enjeu HUMAIN, avez-vous mis en place une pratique dans ce domaine ou avez-vous démarré un chantier de travail à ce sujet ?
Le travail est une valeur sure, il nous structure, le travail mais aussi les récompenses du travail. Concernant le travail, tout au long du parcours nous progressons en fonction des formations réalisées, sans aucun doute l’implication et la motivation sont des accélérateurs. Pour les récompenses, depuis plus de trente ans l’intéressement et la participation sont en place dans l’entreprise. Chaque année lorsque l’entreprise obtient des résultats positifs, les salariés ont un retour. Dans les années fructueuses, l’ensemble peut représenter jusqu’à deux mois de salaire supplémentaires. Depuis toujours je le suis engagé aux côtés du DRH, je connais nos salariés par leurs prénoms et les croise une et deux fois par semaine, bien sur la taille de l’entreprise s’y prête. Que ce soient les membres du CODIR, de l’encadrement de l’entreprise ou le dirigeant, il est important d’aller sur le terrain fréquemment afin de savoir comment vont nos équipes. En ayant une action récurrente dans ce domaine, on remarque une constance dans les relations. L’encadrement est primordial pour l’accompagnement des équipes, les directeurs sont proches des collaborateurs, ils animent régulièrement des réunions de services. Avec le vecteur de la transformation numérique nous allons mettre en place un dialogue gagnant/gagnant, lorsque les personnels apportent des idées innovantes à leur poste de travail, quel que soit le service, études, achats, production d’ateliers et de chantiers, nous devrons les identifier, les formaliser, afin de les mettre en œuvre. Lors de notre CSE mensuel, nous évoquons tous les sujets, tout n’est pas parfait, mais nous mettons en œuvre les améliorations, au fur et à mesure, ainsi nous règlons les sujets un par un, la réactivité dans ce domaine est importante.
En tant que chef d’entreprise, quel(s) conseil(s) aimeriez-vous partager à vos pairs entrepreneurs pour saisir le rebond de 2021 ?
Il faut penser à ce qui marche aujourd’hui, mais surtout à ce qui marchera demain

Depuis que le monde est monde, il traverse de nombreuses crises et cela va probablement perdurer. A travers mes différentes expériences et engagements, que ce soit à la Fédération du Bâtiment ou dernièrement à la Région dans mon mandat d élu. J’ai acquis la conviction que l’union des forces est indispensable pour passer ces caps. Un chef d’entreprise se pose inévitablement la question de comment on avance et comment on avance dans et après une crise. Dans une vie professionnelle, il n’est pas anormal de traverser des cycles de turbulences, pour ma part, entré dans l’entreprise en 1991, j’ai connu, 1998, 2003 2008 , 2016 plusieurs périodes complexes et nous avons continué d’avancer. Je pense que le chef
d’entreprise, doit être un chef d’orchestre, Il ne peut pas jouer de tous les instruments mais connaît la partition, son rôle est d’entraîner la troupe, êtrela locomotive. Il doit voir clair, avoir une vision d’avenir, c’est une mission exigeante qu’on soit en période de crise ou non. Un exemple, l’année dernière, le 17 mars, nous avons annoncé à nos collaborateurs que l’entreprise allait fermer suite aux annonces du chef de l’État. Nous avions lancé la transformation numérique 2 ans auparavant, en 1 jour et demi notre DSI a su mettre 68 personnes sur 140 en télétravail, ainsi nous avons très vite appris à travailler à distance, nous avons préparé la reprise et l’avenir. Fort de tout cela nous avons pu redémarrer très vite nos activités, un mois après nous avions repris à 90% notre production. Il est indispensable dans de telles situations de prendre du recul et d’analyser ce qu’il se passe, se dire qu’on a des outils pour affronter cela, que l’humain, la combativité et savoir montrer l’exemple, sont des vecteurs de relance.
Pendant cette période, nous avons mis à profit ce temps pour élaborer et formaliser la stratégie future. Nous avons confirmé nos investissements, la nécessité d’apporter de nouveaux moyens à l’ensemble de notre équipe opérationnelle. Une alternative est possible, elle est très utile de prendre le temps d’analyser pour construire une stratégie de redémarrage et être au rendez-vous de reprise d’activité.
Sous la forme d’une analogie, d’un proverbe, d’un personnage, comment représenteriez-vous les PME et ETI de demain ?
Pour le personnage, je le verrai bien sortir d’une bande dessinée et qu’il soit monté sur ressorts, en clair du ressort et de l’agilité ! Quant à l’analogie, je pense à un pilote de formule 1, il conduit un bolide, mais doit toujours regarder devant, car tout va très vite et la sortie de route est plus que jamais une composante du défi. Il faut rester dans la trajectoire et piloter finement, être très réactif, s’intéresser et maitriser de nombreux sujets, être inventif et innovant. Ce personnage est très engagé, sportif, privilégie l’analyse et prends de nombreuses décisions. L’entreprise est une formule 1, son moteur de haute technologie évolue très vite. La gestion des ressources humaines est primordiale comme en course, indispensable de constituer une équipe prête à relever les challenges. Nous les relevons d’autant plus que nous connaissons bien les femmes et les hommes qui travaillent avec nous. Un chef d’entreprise est conscient et sait prendre des risques, souvent l’entreprise familiale est patrimoniale, en clair sont risque est aussi là, mais l’exercice apporte d’immenses satisfactions, quelques fois même, on n’a l’impression d’avoir gagné une course !
Qu’attendez-vous des nouveaux collaborateurs qui rejoindront votre entreprise ?
Ce que j’attends de mes collaborateurs ? Cela doit être une relation gagnant/gagnant, nous les accompagnons et les formons aux différents métiers, c’est avant tout une relation de confiance, je souhaite qu’ils mettent en avant leur créativité et apportent de nouvelles solutions, de nouveaux produits, des idées innovantes. Par leur intelligence et leur culture ils feront grandir l’entreprise, elle s’engage à la réciprocité. L’expérience additionnée à de nouvelles énergies accélère le développement. Ce qui est ’intéressant dans les nouvelles générations c’est qu’elles ont intégré dans leur l’ADN qu’il faut préserver la planète. Le meilleur avenir que l’on puisse réserver à notre jeunesse, c’est de tout mettre en œuvre pour accompagner cette ambition. Les chefs d’entreprises le savent, Il est nécessaire et indispensable de s’impliquer maintenant pour que ce mouvement soit vertueux, récurent et durable. La stratégie de développement doit être lisible et partagée, elle est alimentée par des solutions agiles apportées par toutes les bonnes volontés.
‘’Cette stratégie doit être Co-construite’’.
Qu’apporte aujourd’hui votre entreprise pour attirer et fidéliser ces futurs collaborateurs ?
En tant que partenaire, j’ai appris beaucoup de choses, cette expérience rend humble. Il y a des chefs d’entreprises plus expérimentés qui ont fait leurs preuves, ‘’des ténors’’ et également la jeune génération pleine de talents et d’idées pertinentes, cette journée a été très inspirante. Depuis nous avons mis en pratique quelques enseignements au sein de l’entreprise. Je m’y suis rendu pour apprendre et cela permet vraiment d’accélérer, c’est aussi productif pour les mises en relations avec d’autres entrepreneurs qui peuvent devenir potentiellement des clients. J’ai eu la chance d’échanger et rencontrer Julia de Funès pour la partie RH et philosophie de l’entreprise. J’ai rencontré et déjeuné avec Garry Kasparov le champion du monde d’échecs, des personnalités que je n’aurai probablement jamais eu la chance de croiser autrement. Entreprise du Futur, c’est une très belle expérience pour les chefs d’entreprise, une réunion hyper enrichissante.
Vos engagements aux côtés de l’Entreprise DU FUTUR
Qu’attendez-vous de l’Entreprise DU FUTUR et de cette dynamique collective de dirigeants de PME et ETI ?
Pour moi, c’est une réelle opportunité afin d’échanger avec les différents dirigeants de PME et ETI. Je me décris comme n’étant pas un “homme de réseau”. Aussi, grâce à cette adhésion, c’est avant tout pour moi, l’occasion d’échanger avec mes homologues sur des expériences et situations vécues. Je souhaite participer à des webinaires intéressants proposés par l’Entreprise Du Futur qui me permettront de développer de façon raisonnable mon réseau afin de créer des liens auprès de fournisseurs et clients.
– Interview réalisée par étudiants de l’EM Lyon Business School.