Interview de Dirigeant – Jullien BREZUN

Jullien Brezun a travaillé dans le secteur de la cosmétique et du luxe pendant plus de 15 ans, avant de devenir le Directeur Général de Great Place to Work France, il y a deux ans. 

Great Place to Work (GPTW) est né de l’intuition de Robert Levering, soutenu par l’Université de Wharton (Philadelphie, Pennsylvanie), qui, après avoir fait le tour des Etats-Unis, a écrit un livre sur les pratiques des entreprises où il fait bon travailler. Au travers de ses recherches académiques et de terrain, il met en lumière le lien entre haut niveau de confiance et qualité de vie au travail. Celle-ci se construit en s’appuyant sur la perception que les collaborateurs peuvent avoir de crédibilité, d’équité, de respect, sur la fierté et la convivialité.

Aujourd’hui, le siège Monde est basé à San Francisco, mais GPTW est présent dans environ 60 pays, de manière indépendante. Il s’agit d’un réseau d’experts de l’expérience collaborateur, qui se donne pour mission de « construire une société meilleure en aidant les organisations à devenir des great places to work pour tous ».

La méthodologie part du constat que la qualité de l’expérience de tous les collaborateurs est étroitement corrélée au niveau de confiance perçue dans l’organisation. GPTW diagnostique donc le niveau de confiance existant dans l’organisation et identifie les axes d’amélioration possibles.

Votre histoire, votre entreprise

Avez-vous une image, métaphore ou citation qui illustre le mieux selon vous votre entreprise ?

Ce qui se mesure s’améliore.

Les collaborateurs et les collaboratrices sont le moteur de l’organisation. Il faut donc essayer d’en optimiser le fonctionnement et l’efficacité. Le défi est donc de bien comprendre et de rendre mesurable et clair les perceptions de toutes et tous.  C’est le travail de GPTW de faire ce diagnostic, cet état des lieux. Nous sommes convaincus que sur cette base on peut s’améliorer.

Selon vous, quels seraient les 3 enjeux stratégiques majeurs de votre entreprise et pourquoi ?

Le premier enjeu correspond au traitement des données : « faire parler la data ». 

Il nous faut trouver des angles d’analyse nouveaux qui viennent nourrir les plans d’action des organisations que l’on diagnostique. Quel est l’impact du télétravail, quelle la perception croisée des hommes et des femmes…

On souhaite digitaliser tous nos process pour aller plus vite et garantir le plus haut niveau de sécurité possible car nous avons accès à des données très personnelles.

Enfin le dernier enjeu, c’est d’avoir un impact sociétal positif. Dans cet esprit nous avons lancé la labellisation BCorp. 

L’objectif c’est de devenir une entreprise qui essaie de « Contribuer positivement ».

Dans le cadre de vos enjeux sur l’Humain et l’Engagement, avez-vous mis en place une pratique dans ce domaine ou avez-vous démarré un chantier de travail à ce sujet ?

Sur ce thème on essaie, en plus de notre démarche B Corp, d’aller encore plus loin :

On calcule aussi notre index d’égalité professionnelle, alors que nous ne sommes pas tenus de le faire. Nous sommes à 0.94, on a gagné 9 points par rapport à l’année dernière mais ce n’est pas parfait. Sur ce point, nous avons particulièrement travaillé le sujet de la parentalité.

Ensuite, pour le côté Humain, sur l’évaluation de la performance, nous avons mis en place un outil spécifique. Les évaluations sont croisées (service, fonction, pairs…) via une méthodologie unique qui permet à chacun d’être à la fois précis et honnête dans l’évaluation qu’il porte sur lui, ses pairs, ses managers.

En tant que chef d’entreprise, quel(s) conseil(s) aimeriez-vous partager à vos pairs entrepreneurs pour saisir le rebond de 2021 ?

Je voudrais partager 2 conseils : s’appuyer sur ses collaborateurs et être curieux.

Travailler avec ses collaborateurs pour se réinventer. Le rôle du manager est essentiel, mais sa première qualité c’est l’humilité. Il ne faut pas capter le succès de son équipe mais contribuer à rendre celui-ci possible.

Si on doit retenir une leçon de cette crise qu’on traverse, c’est vraiment la capacité à imaginer l’impossible. Celle-ci nous enseigne donc à être toujours plus curieux, tant en interne qu’en externe. Rester ouvert et disponible pour identifier les signaux faibles et les opportunités de croissance me semble, plus que jamais essentiel.

Sous la forme d’une analogie, d’un proverbe ou d’un personnage, comment présenteriez-vous les PME et ETI de demain ?

Pour aller plus loin, il faut être dans des stratégies d’alliance, de « coopétition », de réseaux d’entreprises.  

« Il y a pleins de personnes, d’organisations, qui font des choses supers autour de nous. Prenons le temps d’être curieux et ouverts pour s’allier et devenir plus performant. » Personnellement je crois beaucoup à la force de la collaboration agile, sur un projet, entre différents acteurs, qui opèrent sur le même terrain de jeu.

Qu’attendez-vous des nouveaux collaborateurs qui rejoindront votre entreprise ?

J’attends plus de personnalité que de compétence ! Les compétences s’apprennent, s’acquièrent tout au long de la vie professionnelle,

De mon point de vue, les éléments clés sont : une capacité de collaboration, de l’autonomie, de l’honnêteté, de l’initiative. Et il faut aussi insister sur la passion pour la mission de notre organisation.

Qu’apporte aujourd’hui votre entreprise pour attirer et fidéliser ces futurs collaborateurs ?

Toute notre approche est construite autour de la confiance. Cette confiance est régulièrement diagnostiquée. Suite à cela, des plans d’amélioration continue sont mis en place sur différents volets : management, cadre de travail, process de prise de décision, démarche d’évaluation de performance…

Vos engagements aux côtés de l’Entreprise DU FUTUR

Qu’attendez-vous de l’Entreprise DU FUTUR et de cette dynamique collective de dirigeants de PME et ETI ?

La communauté d’Entreprise DU FUTUR doit être un lieu d’échanges sincères et honnêtes. 

C’est une grande chance de pouvoir rompre l’isolement du dirigeant et trouver des pairs avec qui échanger en toute confiance.

Prévoyez-vous d’être présent à la prochaine édition du Congrès Annuel de l’Entreprise DU FUTUR, le 1er juillet 2021 ?

Malheureusement non, j’ai un rendez-vous de prévu depuis longtemps. En revanche, si le congrès est virtuel ou retransmis, je pourrai y assister en partie.

– Interview réalisée par Camille NUOVO, Valentin FROIDEVAUX et Maylis GILLET, étudiants de l’EM Lyon Business School.