Interview de Dirigeant – Stéphane BRUNET

Créée en 1978, VapéRail est une entreprise française qui propose des solutions d’infrastructures ferroviaires pour les réseaux de train, métros, tramways et tunnels.
L’entreprise emploie aujourd’hui 50 collaborateurs et est dirigée par Stéphane Brunet, depuis 2012. Elle génère 10 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
Axée sur l’innovation et l’implication client dans ses projets, VapéRail repense le mode “gestion de projet“ pour répondre aux cahiers des charges les plus exigeants de l’infrastructure ferroviaire et proposer des solutions adaptées pour chaque projet.
Depuis 2014, VapéRail développe une infrastructure numérique pour le réseau ferroviaire.
L’entreprise se définit comme une “start-up industrielle”. Cette signature représentant la dualité entre l’activité industrielle de l’entreprise (depuis plus de 40 ans) et son aspect novateur, incluant sa nouvelle gamme d’écosystème digital, créée en mode “startuper”.

Comment votre parcours vous a-t-il amené à occuper votre fonction actuelle, au sein de votre organisation ?

Je suis issu d’une formation d’ingénieur à l’HEI Lille.
J’ai d’abord intégré des grands groupes à des postes très “corporate”. J’ai pu redresser tour à tour plusieurs entreprises. Cependant, ces postes ne m’apportaient pas ce dont j’avais besoin : de l’adrénaline.

J’ai une ADN d’entrepreneur.

J’ai donc racheté une entreprise de 5 personnes, avec mes propres moyens. En 2 ans, cette entreprise a bien bougé, mais il restait un problème pour que je m’épanouisse pleinement. Encadrer 5 personnes n’est clairement pas la même chose qu’en encadrer 250. J’avais besoin de plus de défis. J’ai donc revendu cette entreprise et en ai cherché une nouvelle.

Je voulais acheter une boîte à 10 millions et l’amener à 100 millions.

J’ai donc racheté VapéRail à 6 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’époque, en tant qu’actionnaire minoritaire. Depuis 2019, j’en suis actionnaire majoritaire, avec un fond géré par la Banque Publique d’Investissement.
J’ai toujours su que je créerai ma boîte. L’entreprenariat on l’a ou on ne l’a pas, et ce n’est pas grave ! Vous pouvez avoir les outils, mais si vous n’avez pas ça en vous, ça ne marchera pas.

Votre histoire, votre entreprise

Avez-vous une image, métaphore ou citation qui illustre le mieux selon vous votre entreprise ?

Nous évoluons dans un écosystème où les concurrents sont des grands groupes, à plus de 300 millions de chiffre d’affaires. Avec nos 10 millions de chiffre d’affaires, nous sommes vraiment tout petits. Petits, mais très forts, à l’image d’un ristretto.

Cette petite taille nous donne un avantage en termes d’agilité. Il est plus facile de manier une petite entreprise qu’un grand groupe.

Quand je donne un coup de volant, j’aime sentir que ça bouge aussitôt. Les paquebots, les grands groupes, c’est sympa, mais moi je suis plutôt Zodiac.

Selon vous, quels seraient les 3 enjeux stratégiques majeurs de votre entreprise et pourquoi ?

Nous avons 3 enjeux stratégiques. Ils sont tous d’égale importance et complémentaires.

Le premier est que la voie de demain sera durable. Il faut arrêter de consommer d’un point de vue économique et environnemental. Rendre la voie durable, c’est baisser ses coûts et son impact écologique.

Le second est d’utiliser comme levier majeur le digital. Il permet en effet d’accéder aux informations sur les voies et notamment aux statuts des différentes pièces à moindre coût. Grâce à cela, nous ne consommons que le “juste nécessaire” : un pas vers la voie durable.

Le dernier, indissociable des autres, est la fondation de l’entreprise : la maîtrise de l’ingénierie de l’infrastructure ferroviaire.

Pour résumer, on peut dire que nous utilisons des briques technologiques, que sont le digital, sur la fondation de l’ingénierie, dans le but de construire une voie durable.

Dans le cadre de vos enjeux humains, engagés et révolutionnaires, avez-vous mis en place une pratique dans ce domaine ou avez-vous démarré un chantier de travail à ce sujet ?

L’humain est primordial. 

Je gère une PME de 20 personnes et 30 autres personnes en production. Il règne une certaine proximité en interne. C’est très important pour moi. D’ailleurs, je n’imagine pas de technologie qui déshumanise le client, il faut que cela reste un outil.

L’intelligence artificielle ne peut être qu’une aide à la décision et ne doit en aucun cas avoir vocation à remplacer l’humain.

Une entreprise se doit aussi d’être engagée pour une cause. Cette cause servie doit être à la fois une réduction des coûts, donc de l’impact économique et de l’impact écologique.

Une entreprise se doit aussi d’être engagée pour une cause. Cette cause servie doit être à la fois une réduction des coûts, donc de l’impact économique et de l’impact écologique.

À mon sens, l’enjeu révolutionnaire colle parfaitement à l’ADN de VapéRail. 

Nous étions une entreprise spécialisée dans la boulonnerie. Nous évoluons dans un secteur traditionnel mais qui traite de la sécurité de tous. Il est donc très difficile de faire bouger les normes. Cependant, nous avons réussi à prendre le tournant du numérique et nous sommes donc entrés dans la révolution de l’infrastructure ferroviaire.

En tant que chef d’entreprise, quel(s) conseil(s) aimeriez-vous partager à vos pairs entrepreneurs pour saisir le rebond de 2021 ?

En un seul mot : “Foncez !”

Il y a plein de choses à faire, n’écoutez pas la télé : ce qu’on vous raconte ce n’est pas la vraie vie !

Sous la forme d’une analogie, d’un proverbe ou d’un personnage, comment présenteriez-vous les PME et ETI de demain ?

Selon moi, la PME de demain est l’industrie qui va porter des solutions vertueuses par le digital.

Dans le secteur ferroviaire, demain, je vois des trains qui circulent à l’hydrogène sur des voies ferroviaires durables.
L’industrie française de demain va mettre en œuvre des concepts, vers une économie circulaire durable et vertueuse.

Qu’attendez-vous des nouveaux collaborateurs qui rejoindront votre entreprise ?

Il faut qu’ils aient l’envie d’apprendre. Et moi, j’ai envie de leur donner envie. 

Mes futurs collaborateurs sont au cœur de la mobilité, ils vont la rendre durable. Ce métier a beaucoup de sens, j’ai besoin qu’il soit compris et vécu par mes collaborateurs.

Qu’apporte aujourd’hui votre entreprise pour attirer et fidéliser ces futurs collaborateurs ?

Tout d’abord, VapéRail dispose d’un lieu particulier : le lab. Il s’agit d’un lieu d’innovation, à l’ambiance startup. 

Nous disposons d’une usine de production juste à côté de ce lab. Tout est centralisé. Nous sommes particulièrement attachés aux composantes ESG de l’entreprise. Nous maîtrisons notre énergie, lançons des initiatives sur la partie durable en interne et nous créons des produits durables.
Sur le plan sociétal, nous lançons des démarches participatives : ce qui nous donne une certaine transparence et une certaine délégation qui motive nos salariés.
Enfin, en termes de gouvernance, je m’attache à garder beaucoup de transparence.

Vos engagements aux côtés de l’Entreprise DU FUTUR

Qu’attendez-vous de l’Entreprise DU FUTUR et de cette dynamique collective de dirigeants de PME et ETI ?

J’aime être informé de tout ce qui se passe autour de moi. C’est en ce sens que le partenariat avec Entreprise DU FUTUR est important. Je souhaite connaître l’émergence d’une nouvelle brique technologique ou l’évolution d’une des briques existantes.

Prévoyez-vous d’être présent à la prochaine édition du Congrès Annuel de l’Entreprise DU FUTUR, le 1er juillet 2021 ?

Oui, je serai présent.

– Interview réalisée par Clara BERNARD, Mathieu MONNERET et Carla BONNAL, étudiants de l’EM Lyon Business School.